Les Eglises engagées dans l’alliance pour une politique climatique responsable

Interpréter les signes du [des] temps

La Communauté de travail Eglise et environnement, l’oeku, représente les Eglises réformée et catholique-romaine au sein de l’alliance et développe une réflexion théologique et pastorale sur le thème de l’environnement. L’évolution du climat est devenu, pour les Eglises également, un sujet de préoccupation qui ne peut pas nous laisser indifférents. Un des mythes fondateurs du judaïsme et du christianisme, la Genèse, dépeint le monde comme Création, Création que Dieu confia aux êtres humains en leur offrant son alliance, pour que « Tant que la terre durera, semailles et moisson, froidure et chaleurs, été et hiver, jour et nuit ne cesseront plus » (Genèse 8,22). Cette alliance que Dieu a offerte aux hommes, cet appel du Créateur nous incite à répondre. Littéralement à être responsables, à Lui répondre par une œuvre de vie et de paix, pour nous et pour les générations futures. Donc à habiter et à conserver la Terre que le Créateur nous a confiée ! Hier, comme aujourd’hui et pour demain encore.

Les modifications climatiques affectent les conditions de vie de toute l’humanité, et ce de différentes façons : désertification de nombreuses régions, conflits autour d’une ressource vitale de plus en plus précieuse, l’eau, orages très violents ou tempêtes tropicales plus fréquents par exemple. Un facteur essentiel de paix, je pense ici simplement à l’absence de conflits, sera la préservation d’un environnement viable et fécond, dans la région du globe où Dieu, pour d’autres le destin, nous fait naître.

Dans la culture hébraïque de Jésus Christ, là où puisent les racines du monde occidental, la paix, shalom, est beaucoup plus que l’absence de conflit. Je suis persuadée que c’est encore le cas aujourd’hui, quelles que soient les convictions religieuses de chacune et de chacun :

  • shalom avec la Terre pour être préservé du malheur et des désastres ;
  • shalom pour rester en bonne santé. Notre environnement, pensons en Suisse, à la qualité de l’air ou aux périodes de canicule, affecte notre santé, en particulier celles des enfants et des personnes âgées ;
  • shalom avec la Création pour une économie assurant la prospérité et le bien-être de toutes et tous, pas seulement celle des Occidentaux dont le mode de vie consomme beaucoup plus de ressources que ce que notre planète peut offrir ;
  • shalom pour la sécurité : les populations civiles font les frais des conflits pour les ressources naturelles, les bénéfices profitant très souvent à d’autres ;
  • shalom pour la paix et le calme dans une société où la course effrénée au paraître et au posséder « tout, toujours plus vite » n’est de toute évidence pas la source d’épanouissement que la publicité nous promet.

Les Eglises, institutions et peuple de Dieu, ont trop longtemps négligé l’une des facettes fondamentales de la foi chrétienne, la sauvegarde de la Création. Jésus critiquait ses contemporains, eux qui savaient « interpréter l’aspect du ciel » mais qui étaient incapables de « discerner les signes des temps ! » (Matthieu, 16,4). Depuis une vingtaine d’années, les Eglises discernent les signes des temps. Notre responsabilité écologique est surtout une responsabilité sociale, envers les victimes des changements climatiques, aujourd’hui et pour les temps à venir.

oeku, Kirche und Umwelt