Garder ses distances mais se serrer les coudes

Coronavirus

Le Covid-19 bouleverse notre quotidien. Ce qui était évident ne l’est tout d’un coup plus : il faut abandonner les projets de weekends, les billets de concerts et les vacances de Pâques prévues.

Nous faisons face à de tout nouveaux défis : comment organiser la garde des enfants qui ne vont plus à l’école ? Comment entretenir le contact avec nos parents âgés ? Qui fera leurs courses ? Si nous continuons à nous rendre au travail, faut-il encore emprunter les transports publics ou plutôt la voiture ? Avons-nous suffisamment de réserves dans la cave ?

L’inquiétude est grande et la méfiance s’installe. D’une part, on peut lire qu’aucun changement n’a été pratiquement observé, le weekend dernier, dans le monde des clubs et des fêtes. Ce monde continue à se rencontrer et ne se laisse guère impressionner par le virus – du moins jusqu’à présent. A l’aune des connaissances actuelles, il est vrai que les personnes jeunes et en bonne santé doivent se faire moins de souci pour leur propre santé. Mais ils peuvent transmettre le virus et représentent ainsi un risque, surtout pour les plus âgés et les malades chroniques. D’autre part, apprendre que les désinfectants et les masques de protection sont volés dans les hôpitaux et les centres de soin et que certains amassent des réserves jusqu’à vider les étagères donne à réfléchir. Est-ce cela nos réponses au virus – chacun pour soi ?

Ce serait fatal! La loi du plus fort – survival of the fittest – laisse en plan précisément celles et ceux qui auraient besoin de notre solidarité et de notre soutien dans cette situation. Nous devons certes prendre une distance physique mais, en tant que voisins et société, nous devons nous serrer les coudes ! Ce qui compte maintenant, c’est la responsabilité, la solidarité et la communauté. Cela donne courage de voir que des initiatives d’entraide mutuelle prennent forme dans de nombreuses villes et quartiers. Des gens informent par tracts, applis ou contacts personnels qu’ils sont à disposition pour des achats et des courses. D’autres s’occupent de la garde des enfants pour les parents qui, pour notre bien à tous, ne peuvent pas travailler depuis la maison. Et n’oublions pas les personnes qui nous rendent d’immenses services dans les hôpitaux et les établissements de soins. Si elles ne pensaient qu’à elles et à leur avantage personnel, beaucoup de choses seraient différentes. Et qui souhaiterait aujourd’hui se trouver dans la peau du politique qui, jour après jour, au fil des nouvelles connaissances et faits, doit prendre des décisions sur une base quasi inexistante.

La santé est un bien important, pour tout un chacun ! N’oublions pas, durant ces jours et semaines où l’insécurité et l’inquiétude sont grandes, qu’il y a encore d’autres personnes pour lesquelles le virus ne constitue qu’un souci supplémentaire : les gens dans les camps de réfugiés aux frontières de l’Europe, en Grèce et à Idlib. Pour eux, une situation inhumaine est devenue encore plus inhumaine. Certains politiciens ont maintenant de « bonnes » raisons de fermer les frontières et les médias les y aident en ne parlant presque plus de leur situation.

Ce qui unit nos sociétés, dans les grandes choses comme dans les petites, ce ne sont ni le rejet, ni la méfiance, ni la peur ou l’exclusion mais la solidarité, la raison et la confiance. C’est seulement ensemble que nous pourrons faire face aux défis qui se présentent à nous. C’est le témoignage que nous tout spécialement, en tant que chrétiennes et chrétiens, nous nous devons d’apporter.

Dr. Thomas Wallimann-Sasaki                                          Dr. Wolfgang Bürgstein
Präsident a.i.                                                                        Generalsekretär

16.03.2020